L'analyse à froid de Villa, Arsenal, les records, etc, la conf' complète de Luis Enrique avant PSG/Le Havre
Publié le vendredi 18 avril 2025 à 16:20
par Jean Chemarin
Luis Enrique était en conférence de presse ce vendredi à la veille de PSG/Le Havre et il a surtout été question de la récente défaite à Aston Villa en Champions League ainsi que la demi-finale à venir face à Arsenal. L'Espagnol a aussi reconnu que le match face au Havre serait l'un des plus compliqués au niveau de la motivation, même si la perspective d'établir un record motive grandement son équipe. Voici ses propos en intégralité, traduits par nos soins.
Vous avez j'imagine revu le match de mardi. Comment expliquez-vous le début de la seconde période et qu’est-ce qui vous a plu et déplu ?
« Après avoir analysé le match de Villa en profondeur, je crois que nous avons été meilleurs que je ne le pensais »
« Bonjour à toutes et à tous (en français). De manière générale, j’ai aimé tout le match. C’était une double-confrontation très difficile de Champions League, comme on l’avait prévu. Après avoir analysé le match en profondeur, je crois que nous avons été meilleurs que je ne le pensais. L'entraîneur est aussi influencé par les émotions durant le match et le résultat. Il y a toujours des choses qu'on peut améliorer durant un match, mais je le répète, après avoir analysé le match à froid, sans l'influence des émotions et du résultat, je pense qu'on a fait un match de haut niveau, qui reflète ce que nous sommes en tant qu'équipe. Une équipe très courageuse, qui va jouer à Villa Park contre un adversaire éliminé (au coup d'envoi) et qui est capable de mener 2-0. J'ai bien aimé le comportement de mes joueurs, même si c'est vrai que nous avons commis quelques erreurs. Mais le football est un jeu d'erreurs. Il y a des choses à améliorer, sans aucun doute, mais la majorité de ce que j'ai vu et analysé est positif. À partir de là, c’est injuste de penser que l'on va écraser tous nos adversaires, que nous sommes la seule équipe de la Champions League et que nous sommes les favoris. C'est un mensonge. Personne ne le croit au PSG, ni les joueurs, ni son entraîneur. Nous faisons désormais partie des quatre équipes favorites pour gagner cette Champions League, parce que nous l'avons mérité avec ce que nous avons fait tout au long de la saison. C'est aussi important pour nous d'être là seule équipe du dernier carré qui était déjà en demi-finale la saison passée. Donc ce que j'ai vu est très positif. C'est vrai que pendant quelques minutes en seconde période, notre adversaire a été tout proche d'égaliser (sur la double-confrontation), mais il ne l'a pas fait. »
L'année dernière, vous nous aviez dit que vous seriez plus fort cette saison. Pensez-vous que vous serez encore plus fort la saison prochaine ?
« Mon travail d'entraîneur est de convaincre mes joueurs, mon équipe et aussi nos supporters »
« (Il rigole) Je ne sais pas franchement. Et je ne sais pas si c'est nécessaire d’être honnête ou non. L'an dernier, je n'en étais pas vraiment si certain non plus. Mais je crois que cela a été positif d'être autant affirmatif et de dire qu’on serait plus fort, parce que c'est quelque chose qui se transmet et mon travail d'entraîneur est de convaincre mes joueurs, mon équipe et aussi nos supporters. Et si ton entraîneur ne doute pas, alors tu ne vas pas douter non plus. Pour l'année prochaine, je ne peux rien vous assurer pour le moment parce que je ne sais pas encore les titres que nous allons gagner. Nous en avons déjà gagné deux (Trophée des champions et Ligue 1, ndlr), il en reste deux à gagner (Champions League et Coupe de France, ndlr) et même un troisième avec la Coupe du Monde des Clubs. Donc si vous me reposez la question en fin de saison, je vous répondrais volontiers. »
Vous n'avez pas sombré mardi contre Aston Villa et avez même contrôlé le match de la 70e à la 90e minute. Est-ce que vous travaillez cet aspect mental depuis votre arrivée au PSG pour permettre à l’équipe de ne pas sombrer ? Et si oui, comment ?
« Nous sommes une équipe qui ne va jamais cesser de se battre et de jouer au football »
« Non, non, nous ne l'avons pas travaillé particulièrement. Nous essayons toujours d’être prêt pour n’importe quel scénario dans un match. Au cours de la saison, il se passe beaucoup de choses et les choses positives sont plus faciles à gérer que les choses négatives. Mais être prêt à gérer ces choses négatives, c'est la clé selon moi. Et cette équipe l'a démontré un nombre infini de fois au cours de la saison. Et ce que j'ai le plus aimé dans ce match, c'est que nous avons été dans le dur entre la 50e et la 65e minute environ, mais après nous avons eu des occasions franches de but pour clore cette double-confrontation et cela m'a enchanté. Notre équipe est faite pour attaquer, pas pour spéculer. Elle veut le ballon le plus possible. Et si nous ne l'avons pas, c'est parce que notre adversaire fait bien les choses. Parce que nous ne sommes pas une équipe invincible ou imbattable. Nous ne l'avons jamais été. Mais nous sommes une équipe qui ne va jamais cesser de se battre et de jouer au football durant tout le match. Nos supporters nous ont transmis ça depuis le début et ils ont perçu ça chez nous. Et on adore. »
« La meilleure équipe que j'ai affrontée dans ma carrière », Villa impressionné par le #PSG malgré tout https://t.co/MJ9Ldrgs8R
Vous n'avez pas demandé le report du match contre Strasbourg, qui se situe entre les deux matches d'Arsenal. Est-ce parce qu'il y a huit jours entre les deux matches d'Arsenal ou est-ce une volonté de garder du rythme ?
« Il y a toujours une lecture un peu différente. Chaque profil de joueur est différent. Certains ont besoin de jouer pour arriver dans les meilleures conditions pour les gros matches comme celui d'Arsenal. Mais il n'y a pas une formule mathématique qui s'applique à tous les joueurs. Nous allons donc devoir gérer cela comme nous l'avons toujours fait jusqu’à présent. L'une des forces de cette équipe est sa capacité à être compétitive dans n'importe quel match, contre n'importe quel adversaire et dans n'importe quelle compétition. Je crois que cela nous servira en vue des matches importants à venir et sur ce point, j'ai une confiance totale envers l'équipe. Peu importe qui va jouer, l’équipe sera prête et c’est quelque chose de très important. »
Vous avez joué uniquement des équipes anglaises dans le tableau final - Liverpool et Aston Villa -, est-ce un avantage à l'aube de jouer contre Arsenal ?
« Nous allons affronter une des meilleures équipes d'Europe »
« Non. Ce n’est pas un avantage, ni un désavantage. C'est évident qu'il peut y avoir un modèle commun chez certaines équipes anglaises, mais dans notre cas, nous avons affronté Liverpool et Arsenal il y a sept mois, ainsi qu’Aston Villa, et là ce sera donc de nouveau Arsenal. Nous savons déjà qui Arsenal a éliminé. Cela signifie que nous allons affronter une des meilleures équipes d'Europe. Une équipe qui a vraiment bien évolué avec son entraîneur Mikel Arteta au cours des dernières années. »
Tous les entraîneurs de Ligue 1 et même Unai Emery vantent votre équipe et votre qualité de jeu. Peut-on dire que vous avez atteint en deux saisons votre objectif au PSG ?
« Ce ne sont pas les résultats qui m'intéressent, mais le chemin pour arriver à ces résultats »
« Non. Pour le moment, nous n'avons pas encore atteint l'objectif, qui est très élevé. Notre objectif est faire ce que le PSG n'a jamais fait jusque-là, à savoir écrire l'histoire. Et pour écrire l'histoire, il faut gagner tous les titres, tous les trophées, et en particulier celui que vous connaissez tous. On veut être les premiers à le faire et on va tout donner pour y arriver. Mais au final, ce ne sont pas les résultats qui m'intéressent, mais le chemin pour arriver à ces résultats. Cela dépend de nous, de ce que nous sommes prêts à donner pour atteindre ces objectifs. Et je crois que depuis la saison passée, l'équipe l'a fait de manière indéniable. Après, il y a eu des hauts et des bas, mais nous avons toujours eu cette foi et cette conviction d'atteindre les objectifs. »
Vous n'avez fait qu’un seul changement contre Aston Villa, ce qui a surpris. Vous auriez notamment pu faire entrer Warren (Zaïre-Emery, ndlr) au milieu de terrain. Pourquoi ne pas l'avoir fait ? Et plus globalement, pourquoi un seul changement ?
« Si j'ai des doutes, je ne veux pas les transmettre à mes joueurs »
« Eh bien parce que chaque match nécessite une solution. Il y a beaucoup de solutions (pour résoudre un match). Habituellement, je suis un entraîneur qui fait des changements vers la 60e ou la 70e minute et qui n'hésite pas à donner des opportunités aux joueurs. Mais j'essaye d’être très prudent dans les matchs clés, pour être vraiment sûr de ce que je change avec mon staff. Et que ce que je vais changer va améliorer l'équipe. Un changement peut parfois perturber beaucoup de choses donc il faut être très prudent. Et je le répète, j'ai aimé ce que j'ai vu à partir de la 65e minute, l'équipe a cherché à marquer. Parce qu'on pensait que c'était vital de marquer un ou deux buts de plus car sinon c'était possible d'aller en prolongation. Nous avons donc décidé, avec succès, de faire confiance à ceux qui étaient sur le terrain et qui savaient exactement ce qu'ils devaient faire. Nous avons donc fait un seul changement, et si nous étions allés en prolongation, j'aurais sûrement fait mes quatre ou cinq changements. Mais à ce moment-là du match, je crois qu'on a pris la bonne décision, même si c'est un peu inhabituel me concernant. Je crois aussi que cela a en quelque sorte un peu renforcé mes joueurs et leur a permis d'éviter de commettre des erreurs. Mais je peux aussi vous dire que si j'avais fait tous mes changements, cela aurait aussi pu améliorer l'équipe. Mais c'était mon sentiment sur le moment et je crois que c'est important d'être fidèle à sa manière de penser et être convaincu de ce que l’on fait. Si j'ai des doutes, je ne veux pas les transmettre à mes joueurs. »
Comment préparez-vous le match face au Havre et ceux face à Nantes et Nice dans l'optique de la demi-finale contre Arsenal ?
« Le Havre, l'un des matches les plus difficiles de la saison sur le plan de la motivation »
« On les prépare de la même manière que les autres. Heureusement, on a la possibilité d'établir un record. Et c'est un record qui est très rarement à la portée d’un joueur durant une carrière. Voici notre motivation principale. C'est vrai que nous sommes déjà champions, mais ce que j'essaye de transmettre aux joueurs, c'est que pour durer dans un club comme le PSG, il faut être à un niveau très élevé à tous les matches, tout le temps. C'est évident que Le Havre aura une motivation bien supérieure à la nôtre, parce qu'il y a pour eux un enjeu très important (se maintenir, ndlr), mais je le répète : la difficulté au PSG, c’est d'être compétitif tout le temps. C'est ce qu'on veut faire aussi en vue de la Champions League. Voilà pour la théorie. Maintenant on verra demain en pratique. Ce sera sans doute l'un des matches les plus difficiles de la saison sur le plan de la motivation. »
Beaucoup de joueurs n’ont pas joué contre Aston Villa. Comment gérer vous les joueurs qui n’ont pas eu de temps de jeu ?
« C'est une très bonne question. J'ai peut-être été l’entraîneur le plus critiqué en Europe pour effectuer continuellement des changements de joueurs. J'ai été beaucoup critiqué pour cela à l'AS Roma, au FC Barcelone, en sélection espagnole et ici à Paris. On m'a toujours reproché de faire beaucoup de changements. Et après avoir fait un seul changement, on me critique aussi et on me reproche de ne pas faire confiance à ceux qui ne jouent pas. Donc votre question est très bonne, mais elle est un peu démagogique. Je suis un entraîneur qui va continuer à faire confiance à beaucoup de joueurs parce que plus il y a de joueurs capables d'être titulaires, mieux c'est pour l’équipe. Pour être compétitif dans toutes les compétitions, je ne peux pas m'appuyer que sur 11, 12 ou 13 joueurs. J'ai besoin de 16, 17 ou 18 joueurs. Cela nécessite de donner des minutes de qualité. Et ce n'est pas parce que je ne leur ai pas donné du temps de jeu sur un match que cela veut dire que je n'ai pas confiance en eux. Cela signifie juste que sur ce match, j'avais des doutes sur la capacité des joueurs du banc à apporter un plus. Quand j'ai des doutes, je préfère ne pas changer. Je le répète, je vais continuer à faire confiance à beaucoup de joueurs parce que cela nous rendra plus fort. »
Contrairement à Lyon face à Manchester United, vous avez tenu mentalement face à Aston Villa. Est-ce que cela veut dire que le PSG est plus fort mentalement que l'OL ?
« Non, non, non. Ça c'est une question typique de journaliste… Cela veut dire que si tu gagnes tu es fort mentalement mais que si tu perds tu ne l’es pas ? Non, cela n’a rien à voir avec le résultat. Pour moi, l’OL a fait un match exceptionnel. Ils étaient menés 2-0, ont été réduits à dix et ils ont réussi à revenir et à passer devant. Et là on ne parlait plus de mental ? Soyez un peu plus cohérents. Hier, on a vu un grand match entre deux équipes qui jouent très bien au foot et qui sont fortes mentalement, autant l'équipe qui a gagné que celle qui a perdu. »