C'est un Luis Enrique forcément très content de la soirée, et pas du tout contrariée par la seconde période, qui s'est présentée en conférence de presse après PSG/Lille (4-1). S'il a forcément été question de la première période étincelante des Parisiens, la discussion a vite basculé sur le très attendu PSG/Liverpool de mercredi soir. Voici ses propos complets, traduits par nos soins.
On a toujours l'impression ces dernières années qu'en raison de blessures de stars, De contre-performance ou de querelles internes, le PSG aborde les matchs à élimination directe en Ligue des Champions avec les genoux qui tremblent un peu. Est-ce que cette fois vous avez la sensation que vous allez aborder le match contre Liverpool en costauds ?
« Bonsoir, je n’ai rien compris à la question honnêtement.
La traductrice lui reformule la traduction à l’oreillette en parlant de “peur”.
« Je n'ai jamais vu une équipe jouer au football avec la peur, ni ce PSG ni le précédent. Aucun joueur ne joue avec peur. Chacun a plus ou moins de réussite mais c’est un autre sujet. Mais la peur est un mot qui ne s’applique pas à un footballeur professionnel. Ensuite, les choses se passent plus ou moins bien mais je ne pense pas qu'il y ait eu dans le passé une équipe ou un joueur qui aient eu peur. Je ne partage pas votre opinion. »
Vu le match de ce soir, vous dites-vous que vous êtes fin prêts pour Liverpool ?
« Chacun peut se faire sa propre opinion. Je pense que l'équipe poursuit sur une très bonne lancée. Nous avons réalisé une très bonne saison dès le début (du championnat) avec évidemment des choses à améliorer, mais comme la plupart des équipes. Et nous arrivons à ce stade de la saison en très bonne forme. Je pense que c'est peut-être - je dois encore l'analyser - la meilleure première mi-temps que nous ayons réalisée cette saison, compte tenu de toutes les occasions que nous avons créées en plus des quatre buts en première mi-temps contre un adversaire comme Lille, l'une des meilleures équipes de la Ligue des champions et l'une des meilleures équipes du championnat de France. Je pense qu'il est très difficile de le minimiser à ce stade, et cela reflète notre niveau actuel.
Maintenant, nous pouvons penser à la Ligue des Champions, à la double confrontation contre Liverpool et réfléchir avec sérénité, nous reposer, récupérer et nous montrer ambitieux comme nous l'avons toujours été depuis que nous sommes arrivés il y a un an et demi. »
Zéro tir concédé en première période. Le premier tir de Lille intervient à la 50e minute. Que manque-t-il à ce PSG pour être encore plus fort ? Quelles failles reste-t-il à combler notamment avant les deux matchs face à Liverpool ?
« C'était un test parfait pour nous préparer à la rencontre de Ligue des champions »
« Non, nous n'allons pas changer grand-chose. Aujourd'hui, je pense que ce match était un bon test parce qu’il y a des similarités entre Liverpool et Lille en termes d’attaque et de défense, évidemment chacun avec son propre style. Mais Lille, par exemple, est une équipe qui commence très bien ses matchs. Aujourd'hui, nous les avons tellement bien pressés qu'ils n'ont jamais pu relancer depuis leur surface et qu’ils ont dû se résigner à jouer long. Et puis, sur le plan défensif, c’est aussi une équipe [comme Liverpool] qui cherche à presser. Je crois que nous avons été très bons en première mi-temps, avec et sans le ballon. C'était un test parfait pour nous préparer à la rencontre de Ligue des champions qui sera un match différent, très compliqué. Mais je pense que nous sommes dans notre meilleure forme depuis le début de la saison. »
Est-ce une soirée parfaite ce soir et y a-t-il un regret d'avoir encaissé ce but en fin de match ?
« Non, la deuxième mi-temps reflète un peu plus ce qu'aurait dû être la rencontre de manière globale. Mais quand on est exceptionnel dans le pressing et très précis avec le ballon, on peut réaliser ce type de première mi-temps. Je crois que cette première période a clairement conditionné la seconde. Le résultat nous a un peu pesé et la seconde mi-temps était un peu plus dans la norme que la première. Mais dans l'ensemble, le résultat est totalement mérité et je suis très satisfait de l'équipe. »
En première partie de saison, on pointait un peu du doigt l'efficacité du PSG, Des problèmes qui semblent envolés désormais avec ce nouveau festival offensif ce soir. Comment, vous et les joueurs, avez-vous réussi à régler ces problèmes d'efficacité ?
« Lorsqu'aucun joueur n'a l'obligation de marquer beaucoup de buts et que notre équipe se crée autant d'occasions, nous nous focalisons simplement sur la volonté de servir le joueur le mieux placé devant le but. Cela diminue la pression sur les buteurs et nous conduit à valoriser beaucoup plus ceux qui font des passes importantes ou des passes décisives. Et en ce sens, je crois que notre équipe reflète clairement cette mentalité. Il y a beaucoup de joueurs qui peuvent marquer des buts, aujourd'hui encore il y a quatre buteurs différents. Il y a beaucoup de joueurs de grande qualité pour faire la dernière passe. Et quand vous parvenez à cela, même si je peux sembler redondant, vous réussissez à marquer plus de buts et les joueurs trouvent le coéquipier le mieux placé dans des situations qui nous coûtaient plus cher auparavant.»
Deux mi-temps très différentes ce soir : une première avec intensité, une seconde en gestion. Est-ce l’identité de jeu du PSG de jouer simple, une simplicité qui a manqué en seconde période ?
« La première mi-temps était plus simple parce tout était fluide »
« Simplicité ? Non. La première mi-temps était plus simple parce tout était fluide. Tout était fluide quand nous avions le ballon et tout était fluide quand nous pressions. En seconde période, l'adversaire a été supérieur et nous avons moins bien pressé. Ils ont été supérieurs, comme cela arrive souvent, parce que c'est une équipe de Ligue des champions et une équipe très bien rodée. Mais nous avons plié le match en 45 minutes de manière très efficace, et en deuxième mi-temps, nous avons géré de manière plus détendue. Mais je le répète : nous jouons tous les trois jours, et tous les trois jours, nous montrons une très belle image. Je ne crois pas qu’on puisse reprocher quoi que ce soit à mes joueurs. »
Beaucoup de supporters nous disent que l'abonnement DAZN est trop cher et qu’ils piratent. Vous qui avez connu plusieurs championnats, quel regard portez-vous sur la crise que traverse le football français ?
« Je n'ai pas les éléments pour pouvoir me prononcer. »
Est-ce la meilleure version du PSG ou l'équipe peut-elle encore franchir d’autres paliers ?
« Les joueurs sentent que plus l’équipe joue, plus elle est crédible »
« Nous ne pouvons que nous améliorer. Et aussi faire pire. Mais je crois que nous pouvons nous améliorer. De nombreuses choses peuvent être améliorées. C’est d'ailleurs notre état d’esprit et notre objectif. Il y a beaucoup de compétences dans l’équipe et les joueurs sentent que plus l’équipe joue, plus elle est crédible. Et pour moi, en tant qu'entraîneur, c'est merveilleux parce que personne ne peut dormir sur ses lauriers, sinon le courant vous emporte avec lui. Et quand on travaille avec cette mentalité et que les joueurs ont ces qualités techniques là, c'est merveilleux. Nous ne pouvons que patienter et nous préparer à toutes les difficultés que nous allons rencontrer en Ligue des champions et dans les matches qu'il nous reste à jouer. »
L'année dernière vous êtes arrivés jusqu'en demi-finale de Ligue des Champions. Cette année vous vous apprêtez à jouer les 8e de finale. En quoi votre équipe s'est améliorée depuis la saison dernière ?
« Si je m’en réfère aux statistiques, cette équipe s'est améliorée par rapport à celle de la saison dernière. Si je m’en réfère au contenu footballistique, je pense que nous sommes beaucoup plus complets, beaucoup plus forts, aussi bien en attaque qu'en défense. Tout d’abord, et surtout, parce que mercredi, je pourrais aligner pratiquement n'importe quel 11 de départ, il serait crédible. C'est mon sentiment. Lorsque l’équipe ne dépend pas seulement de 11/12 joueurs, mais de 16/17, voire plus, cela me rend plus confiant en tant qu’entraîneur.
C'est évident, puisque c'est ce qui s'est passé tout au long de la saison. Chaque joueur a un profil différent, et certains joueurs font évidemment une saison exceptionnelle, mais nous avons surtout beaucoup de joueurs qui peuvent marquer et la capacité de toujours presser à onze. Et cela fait de nous une meilleure équipe que la saison passée, sans aucun doute. L'année dernière, je l'avais dit un peu en me jetant à l'eau, en me jetant dans la piscine, mais il semble que j'avais raison. Du moins c'est ce que je peux voir en ce moment. »
Il y a deux semaines, je vous avais posé une question sur le caractère de l'équipe. Vous aviez répondu “peu importe s’il y a qualification ou défaite, on ne sortira jamais avec la peur”. Pourriez-vous développer ?
« Ce que je dis depuis le premier jour… Nous ne sommes pas venus ici pour calculer. Nous ne jouerons jamais contre une autre équipe en spéculant. À domicile comme à l'extérieur, nous jouerons toujours pour gagner le match. Nous n'avons rien à protéger, aucun résultat. Nous allons jouer contre probablement la meilleure équipe d'Europe en termes de résultats dans son championnat et en Ligue des champions, la première équipe à s'être qualifiée et de manière brillante.
Mais je le répète : il n'est pas dans notre mentalité de calculer, de réfléchir, de nous protéger, ou de changer et aligner une composition défensive. Non, nous attaquons et défendons à notre manière. Nous allons essayer de donner le meilleur de nous-mêmes face à ce qui est peut-être la meilleure équipe d'Europe, mais nous ne nous considérons en aucun cas inférieurs. Je considère que nos chances sont de 50-50, et qu’à partir de là, nous allons essayer de faire pencher la balance un peu plus de notre côté que du leur. Ce sera difficile parce que nous affrontons une véritable équipe à l’image similaire à la nôtre : une équipe où onze joueurs attaquent et défendent ensemble, avec une intensité et un rythme de jeu très élevés. Mais je veux dire que nous n'allons en aucun cas faire de calculs par peur. Ni ici, ni à Liverpool. »
L'entraîneur de Liverpool, Arne Slot, disait qu'il était impressionné par le PSG, et aussi qu'il ne regardait que le PSG et qu’il oubliait la Premier League. Est-ce que vous aussi, jusqu'au match retour, vous n’allez regarder que Liverpool ?
« Il pourrait parfaitement s'agir d'une finale de Ligue des champions »
« Je connais déjà très bien Liverpool. Que ce soit Liverpool ou les grandes équipes en général, on a toujours une idée. Mais il est certain qu’après les analyses que nous avons réalisées, je ne vois pas vraiment de meilleure équipe. Il ne fait aucun doute que depuis le début de la saison jusqu'à aujourd'hui, c'est l'équipe la plus en forme d'Europe, non seulement en termes de jeu et de performance, mais aussi de résultats. Il pourrait parfaitement s'agir d'une finale de Ligue des champions, mais ce ne sera malheureusement pas le cas. Et nous tenterons de jouer crânement nos chances pour être meilleurs que Liverpool. C'est notre objectif.»
Durant la première demi-heure, Lille n'arrivait pas à respirer en raison de votre contre pressing. Estimez-vous être l'une des meilleures équipes d'Europe dans ce registre ?
« Sans le moindre doute. Mais pas seulement en termes de contre-pressing mais aussi en termes de possession de balle, d’occasions créées, d’efficacité, de pressing à la perte du ballon. Si vous regardez les statistiques qui sont disponibles aujourd’hui sur beaucoup de plateformes, prenez celles de Ligue des Champions parce qu’ils disent que le championnat de France est facile jusqu’à ce qu’ils la découvrent et parce qu’ils disent les équipes françaises sont faciles jusqu'à ce qu’ils les affrontent. Mais si vous regardez les statistiques en Ligue des champions, il ne fait aucun doute que l'une des meilleures équipes est le PSG. Aucun doute. »
