« Il ne progressait plus », Makélélé se confie sur Verratti et le milieu du PSG

Référence mondiale au poste de milieu défensif, Claude Makélélé a fini sa brillante carrière de joueur au PSG (2008-2011) avant de devenir entraîneur adjoint de Carlo Ancelotti puis de Laurent Blanc et d'épouser ensuite une carrière d'entraîneur principal assez décevante jusque-là (Bastia, KAS Eupen, Asteras Tripolis).

Mais quand il s'agit de parler de football, du PSG et du poste de milieu de terrain en particulier, Makélélé reste une voix intéressante à écouter. Le média Carré l'a ainsi interviewé il y a deux semaines et il a été beaucoup de question du PSG et de sa vision du milieu de terrain actuel du club. Nous vous avons retranscrit ses réponses sur le PSG ci-dessous.

Le milieu du PSG est à la fois très jeune, très talentueux, mais est-ce que la complémentarité fonctionne ?

« Oui, ce sont des jeunes talentueux, très polyvalents, techniques. Technique de passes, de courses, de liaison entre les trois. Ils ont besoin de mûrir encore plus dans l’impact pour aller au-delà des ambitions du PSG, pour que l’adversaire n’ait aucune chance tout simplement. Au niveau footballistique, oui, oui, ils ont beaucoup de qualités. »

Qui doit être chargé de l’impact dans ce PSG actuel ?

« Un entraîneur qui veut gagner avec le jeu, il s’en sortira toujours »

« C’est difficile. Ce sont dans les moments clés où le joueur… Il n’a pas besoin de faire 2 mètres. Présence physique, body languag, il doit démontrer que "ici c’est ma zone". Ton adversaire doit sentir que ce n’est pas possible de passer ce côté-là. Ce n’est pas une histoire d’être costaud. C’est une histoire d’anticipation, de mouvement, de lire le jeu, de savoir où la passe commence et où elle va finir. Quand le PSG aura compris ça, aura passé ce cap… Je pense que Luis Enrique est dans cette démarche-là, il est en train de travailler ça, mais ça met du temps. Quand le PSG aura compris ça, les mecs comme Dembélé vont être beaucoup plus libres de faire du un contre un à tout-va. C’est pour ça qu’il ne joue pas avec un attaquant, parce qu’il a besoin de ce lien-là. Il fait en sorte qu’il y ait une mutation naturelle entre eux, parce qu’au PSG, tous les joueurs sont capables de marquer. Il veut gagner avec le jeu, c’est très important. Un entraîneur qui veut gagner avec le jeu, il s’en sortira toujours parce que le jeu te donne la base et il le sait. Il a les joueurs pour ça. C’est un message très difficile parce que c’est quelqu’un de droit, donc il fallait que les joueurs comprennent où il voulait en venir. Maintenant, oui, ils comprennent. Pourquoi ? Parce ce qu’il y a eu des départs très importants. Ils se sont assumés maintenant. Maintenant, il faudra du temps, mais je ne suis pas inquiet. »

Est-ce que Luis Enrique a sorti Verratti parce qu’il n’était pas capable de marquer et que c’est pour ça qu’il a mis Vitinha à sa place, qui lui peut marquer ?

« Verratti ne progressait plus »

« Non, c’est différent. Je pense qu’il a sorti Verratti parce qu’il n’y avait plus cette étincelle. Il ne progressait plus. Il faisait progresser les autres. Les autres sont arrivés à un niveau de performance, de qualité technique, tactique, mais lui ne progressait plus. Il était en avance sur tout le monde. Il y a des joueurs qui sont nés en avance sur tout le monde. À partir du moment où il n’a plus ce cadre, il se perd tout simplement. »

Pour toi, il a bien fait de…

« Il le vit bien, tant mieux, parce que je lui ai posé la question. Si tu le vis bien, tant mieux. Mais si tu le vis mal… parce que moi je le vis mal. Je lui ai dit : "Pour moi, tu devais être au moins Ballon d’Or". On vient de donner le Ballon d’Or au milieu de Manchester City. C'est un mec comme Verratti que j'aurais vu moi. Mais c’est le côté amer du football. Oui, ça m’a fait mal parce que c’est un joueur exceptionnel. »

Pour toi, quel est le trio milieu magique du PSG ? Et est-ce que João Neves et Vitinha ont les qualités pour dire « ça c’est mon périmètre, ça c’est chez moi » ?

« Ah oui. Il suffit de vouloir. Il suffit que l’entraîneur donne ce message-là. Après, ça dépend du joueur, de ce qu’il veut faire de sa carrière. À partir du moment où l’entraîneur te positionne dans un rôle, parce qu’il a été dans ce rôle-là lui. Il a été box-to-box, il a joué milieu de terrain. C’était un joueur fin, mais il allait dans l’impact. C’est la meilleure personne à qui les joueurs doivent demander des choses. »

Neves par Makelele, ça donne quoi ?

« Neves est très intéressant et très généreux »

« Un très bon futur. Il est très, très intéressant. Il est très généreux et j’adore les joueurs généreux. Dans le sacrifice, dans le dévouement. Il ne parle pas beaucoup, mais tu sens cette vivacité, cette capacité à récupérer les ballons, se projeter, revenir, défendre, aider ses coéquipiers. C’est ça le football. Et ça c’est une qualité exceptionnelle pour un joueur. »

Il peut aller jusqu’où ?

« Ah ça, ça ne dépendra que de lui. On peut parler de lui. Les médias peuvent parler de lui, mais ça ne dépendra que de lui, de ce qu’il veut faire. »

Un conseil à lui donner ?

« Qu’il reste soi-même. Qu’il ne se préoccupe pas de l’extérieur, de tout ce qui est l’environnement autour. Qu’il prenne du plaisir. J’espère qu’il le prend d’abord à l’entraînement. À partir du moment où il le répète tous les jours à l’entraînement, qu’il prend du plaisir, dans les matches, ce sera quelque chose de normal pour lui. »

Busquets ou Verratti ?

« Peut-être que Verratti aurait été un autre joueur si j'avais été près de lui »

« Verratti parce que j’ai pu le faire évoluer et j’ai vu sa progression. Je regrette, parce que peut-être que j’aurais pu l’aider si j’avais été près de lui. Peut-être qu’il aurait été un autre joueur. Il pouvait tout casser. J’étais très sévère avec lui. Je savais ce qu’il était. C’était un jeune joueur, un jeune garçon qui aime la vie comme tout le monde. On a le droit, mais il y a des moments. Quand j’étais là, je faisais attention à ça. »

Verratti ou Vitinha ?

« Vitinha, il doit apprendre de Verratti »

« Verratti, parce que c’est Verratti. Vitinha, il doit apprendre de Verratti et il sera beaucoup plus complet. Il a ces qualités-là. Il peut faire milieu de terrain relayeur et puis finir. Ça, c’est une bonne chose parce qu’on n’en voit plus des milieux de terrain comme ça. Nous à l’époque, c’est ce qu’on faisait. Quand il n’y avait plus de solutions, on devait dribbler, casser les lignes et partir. Et il a cette capacité-là, c’est pour ça que j’aime bien ce petit. »

Est-ce qu’il peut aller plus loin que Verratti ?

« Après, ça dépendra de la responsabilité qu’il veut avoir dans cette équipe. Ce n’est pas Luis Enrique qui va lui donner. C’est à lui d’aller la chercher. Verratti, il est allé la chercher. On lui a ouvert la porte, il est allé la chercher. Donc c’est à Vitinha de se positionner à ce niveau-là. »